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Nunavut : à la découverte de l’Arctique canadien

Une fois la formation à Gatineau terminée (cf article précédent), nous avons ensuite mis le cap sur le Nunavut. ​


Notre objectif ? Partir à la rencontre des populations des communautés de Pangnirtung et de Clyde River sur l’île de Baffin dans le but de documenter les pratiques de chasse et de pêche locales ainsi que les changements environnementaux perçus par ces habitants. Cette mission s’intègre dans le projet Green Edge porté par le laboratoire Takuvik, qui vise à étudier l’impact du changement climatique sur la chaîne alimentaire marine de la Baie de Baffin depuis le phytoplancton jusqu’aux communautés Inuit. Avec l’appui de Michèle Therrien, spécialiste de la langue et culture Inuit, Julie Sansoulet avait établi et mené une première série d’enquêtes semi-dirigées et organisé un atelier sur un camp de chasse à Qikiqtarjuaq au printemps dernier ; ce travail vient complémenter les connaissances acquises dans d’autres communautés de la plus grande île du Canada.


Départ d’Ottawa pour le nord du Canada le mardi 2 mai.


Un premier avion nous amène à Iqaluit, la capitale du Nunavut (7800 habitants) où nous prenons dans la foulée un deuxième avion qui nous dépose cette fois-ci à Pangnirtung (Pang pour les intimes). Située à quelques kilomètres au sud du Cercle Arctique, nous resterons une semaine dans cette première communauté. Les températures relativement fraîches de notre arrivée (-12°C) disparaîtront assez rapidement (de même que le soleil) pour laisser place au printemps qui fait sa première incursion dans le Nord avec des températures très douces pour la saison (jusqu’à + 5°C).

Pangnirtung est un village de 1400 habitants dont l’économie est essentiellement basée sur la pêche au flétan du Groenland et à l’omble arctique. La présence d’une industrie de la pêche au sein du village permet de transformer directement les produits frais et de les exporter, assurant ainsi des revenus convenables aux pêcheurs. Cette source de revenus est d’autant plus importante pour la communauté que ces villages de l'Île de Baffin sont parmi les plus isolés du Canada. Le seul moyen de liaison avec l’extérieur la plus grande partie de l’année est l’avion, ce qui s’en ressent fortement sur les prix des consommables vendus au supermarché local qui y sont 3 à 4 fois supérieurs à ceux du sud.


Nous consacrons notre première journée à la visite du village et aux rencontres avec les différents acteurs locaux : visite à la mairie, à l’association des chasseurs (Hunters and Trappers Organization) et à la radio locale pour faire un appel aux chasseurs et pêcheurs volontaires qui pourraient répondre à nos questions. Nous réaliserons un total de 7 interviews à Pangnirtung. Malheureusement la météo particulièrement douce de ce début de printemps participe à la formation d’un couvert nuageux bas très dense qui pose problème aux avions pour décoller et atterrir. Les aéroports de ces petites communautés ne disposant pas de tour de contrôle, tout doit se faire à vue ! Notre vol pour Clyde River, la communauté suivante, sera donc reporté pour cette raison.


3 jours plus tard et après une nouvelle escale à Iqaluit, nous arrivons finalement à Clyde River, au-delà du Cercle Arctique cette fois-ci !


Après une magnifique fin de vol sans nuage au-dessus de la Terre de Baffin, de ces fjords à perte de vue et de ces célèbres big walls nous posons le pied dans un décor bien différent de celui que nous avions à Pang. L’espace est ici beaucoup plus dégagé, ouvert. Le village est situé sur une grande plaine en bordure de fjord très proche de la Baie de Baffin. Nous passons d’un paysage vertical, encaissé, bordé d’un côté par la montagne et de l’autre par un fjord étriqué, à un espace horizontal, les montagnes sont toujours là mais au loin cette fois-ci. Clyde River compte un peu plus de 800 habitants et une économie plus tournée vers la chasse. Lorsque l’on se balade il n’est pas rare de voir plusieurs peaux d’ours polaire sécher devant les maisons, de même que les traditionnelles peaux de phoque. Pour compléter notre immersion arctique nous avons la chance de voir coïncider notre séjour dans la communauté avec le passage au jour polaire. La banquise, encore bien solide et les températures toujours froides (en principe), permettent aux chasseurs de sortir au meilleur moment, à toute heure du jour comme… du jour !

La météo n’est malheureusement pas au beau fixe, comme à Pang, nous ne profiterons que de quelques heures ensoleillées lors de notre arrivée pour nous balader aux abords du village. Nous apprendrons plus tard des chasseurs que nous interrogerons que ce n’était pas forcément la meilleure chose à faire sachant que les ours polaires et les loups sont parfois aperçus aux alentours...


Malgré le temps écourté dans cette communauté dû au report de notre vol, nous réalisons un total de 8 interviews avant de prendre le chemin du sud et du retour.


Ce court passage et cette première expérience dans le grand nord aura été très instructive et ne peut que nous pousser à y retourner pour découvrir cette région avec plus de temps cette fois-ci … à suivre en mars 2018 de l’autre côté de la Baie de Baffin ;)

 
 

La vidéo retraçant cette belle aventure dans le nord :


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